Abuja, 15 août, 2025 / 6:15 PM
Les responsables des « Hommes d’Ordre et de Discipline » (M.O.D), un groupe paramilitaire créé par la Conférence des Évêques Catholiques du Nigéria (CBCN) pour assurer la sécurité et maintenir l’ordre dans les Églises catholiques du pays ouest-africain, ont appelé le gouvernement nigérian à solliciter une aide étrangère pour faire face à l’insécurité croissante.
Dans une interview accordée à ACI Afrique le jeudi 14 août, à l’occasion du congrès national de trois jours et du carnaval culturel du M.O.D, le Père Celestine Ejike Amiofor, Commandant Général National, a déclaré qu’avec une aide extérieure, il serait possible d’éliminer ceux qui sèment le chaos contre les civils innocents.
Le Père Amiofor a souligné que grâce à la technologie moderne et au soutien international, il est possible d’identifier et de neutraliser les éléments criminels menaçant la nation.
« Pister ces hommes mauvais est très facile. Si le gouvernement bénéficie de l’aide de frères et sœurs étrangers, avec des caméras, des drones et d’autres ressources, nous pouvons les éliminer. Si le gouvernement est sérieux, quelque chose de mieux peut être fait dès demain », a-t-il déclaré.
Selon lui, « le gouvernement doit solliciter une assistance étrangère s’il est sérieux dans sa volonté de mettre fin à l’insécurité et aux tueries dans notre pays ».
Le prêtre nigérian a reconnu que l’insécurité reste un défi majeur pour l’Église et pour le Nigéria en général.
« La sécurité des chrétiens est actuellement une priorité pour nous tous. Lorsque cette insécurité a commencé, la première attaque majeure a eu lieu ici à Abuja, où de nombreux membres ont été tués. Nous sommes toujours en première ligne pour assurer la sécurité de nos églises et maintenir l’ordre, même si nous n’avons pas d’armes », a-t-il ajouté.
Le Père Amiofor a appelé le gouvernement dirigé par le Président Ahmed Bola Tinubu à agir pour endiguer l’insécurité qui ravage les communautés.
Il a dénoncé les activités de ce qu’il a décrit comme « quelques cabales qui tiennent la paix du Nigéria en otage », les exhortant à faire preuve de miséricorde et à revoir leurs actions.
« Beaucoup de vies sont gaspillées, des vies créées par Dieu. Chaque âme gaspillée sans discernement, toute personne impliquée ou responsable, devra répondre devant Dieu au dernier jour », a-t-il averti.
Le Commandant Général du M.O.D a également demandé aux autorités d’intensifier leurs stratégies de contre-insurrection et de faire preuve de transparence.
« Nous appelons le gouvernement à prendre cela au sérieux. Qu’il fasse de son mieux. Les Nigérians ne peuvent plus dormir les yeux fermés à cause de l’insécurité, et le gouvernement doit en être conscient et travailler à restaurer la sécurité des vies et des biens des citoyens », a-t-il ajouté.
Concernant le fonctionnement du M.O.D dans l’Église catholique, le Père Amiofor a précisé que, bien que le groupe ne dispose pas d’armes pour affronter les menaces armées, il s’appuie fortement sur la prière, la vigilance et la collaboration pour assurer la sécurité dans les églises.
« Si vous faites quelque chose sans prière, cela ne peut pas fonctionner », a-t-il déclaré, ajoutant : « C’est seulement Dieu qui approuve et permet le retour de la paix. Nous prions, faisons ce que nous pouvons et consultons pour assurer le retour de la paix. »
Pour lui, la solution aux défis de sécurité et d’unité du Nigéria repose sur une approche combinant spiritualité et action pratique. Prier pour solliciter l’intervention divine et agir de manière décisive pour protéger les vies et promouvoir la justice.
« Si nous nous unissons comme un seul peuple sous Dieu et que nos dirigeants agissent correctement, le Nigéria sera un lieu plus sûr et meilleur pour vivre », a-t-il déclaré.
Le Père Victor Ogunyemi, Aumônier National du M.O.D, a noté que le travail des membres pour maintenir l’ordre pendant les célébrations liturgiques ne les empêche pas d’assister à la Sainte Messe.
« Nous veillons à ce que leur spiritualité ne manque pas, en organisant des programmes spirituels comme des retraites et des veillées nocturnes. Être là dehors, c’est rester connecté à la Messe. Il ne s’agit pas d’être éloigné des prières », a-t-il expliqué.
Il a souligné que les missions du M.O.D exigent des membres qu’ils soient physiquement alertes et mentalement stables.
« Le travail du M.O.D ne consiste pas seulement à rester aux portes de l’église ou à maintenir l’ordre pendant la Messe. Il implique de gérer des personnes dans différents états d’esprit, parfois sous tension. Sans sensibilisation et formation adéquates à la santé mentale, fatigue, stress et tension émotionnelle peuvent nuire aux performances », a-t-il précisé.
Il a insisté sur le fait que la préparation mentale permet aux membres de réagir calmement aux incidents imprévus, de réduire les conflits et de promouvoir un environnement accueillant pour les fidèles.
« Quand nos membres sont mentalement aptes, ils gèrent mieux la pression, résolvent les problèmes pacifiquement et garantissent que l’église reste un lieu de sécurité et de révérence », a-t-il ajouté.
Il a également appelé les diocèses catholiques du Nigéria à intégrer des modules sur la santé mentale dans la formation du M.O.D, en complément de la formation spirituelle.
L’Ambassadeur Matthew Nwaeze, Président National du M.O.D, a décrit l’organisation comme un bras important de l’évangélisation et de la formation morale de l’Église, notamment pour les jeunes.
(L'histoire continue ci-dessous)
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« Il faut être catholique et communiant pour adhérer », a-t-il précisé, expliquant que le groupe accompagne les jeunes non communiants à travers le catéchisme et aide les parents à inculquer la discipline à leurs enfants.
Le groupe agit à l’intérieur et à l’extérieur des paroisses, maintenant l’ordre, protégeant le Saint Sacrement et les véhicules des fidèles.
Pour guider les membres, le M.O.D désigne des parrains et marraines qui les mentorent.
« Beaucoup de nos membres sont devenus prêtres », a noté M. Nwaeze.
Concernant l’inclusion des femmes, il a précisé que si le nom « Hommes d’Ordre » vient des séminaires masculins, l’organisation accueille désormais des femmes, guidées par des marraines et des religieuses.
Parmi les défis, Nwaeze a surtout mentionné le manque de financement, de formation et d’outils de sécurité : « Nous avons besoin de scanners, radios de communication et davantage de formations. »
Il a remercié les évêques catholiques du Nigéria pour avoir adopté et reconnu le M.O.D, ajoutant : « Ce mouvement existe depuis plus de 42 ans et nous espérons continuer notre mission malgré les défis. »
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